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POURQUOI BOYCOOTER ISRAËL EST UNE ACTION ANTISEMITE?

Source : thehuffingtonpost.fr en ligne le lundi 3 février 2015

 


                                 

                

Boycott d'Israël, une arme indigne

            

                                
Initié dans les années 2000 et institutionnalisé en 2005 lors du forum de Porto Alegre, le boycott de l'Etat d'Israël, repris sous l'acronyme BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) constitue une infamie pour ses auteurs et une imposture pour ses promoteurs.

En réalité, les Palestiniens ont lancé le boycott contre l'Etat Hébreu non pas en 2005, comme on pourrait le croire, mais dès 1945, au lendemain de la seconde guerre mondiale qui fit six millions de victimes au sein du peuple juif, un génocide que la majorité des Arabes n'ont jamais reconnu, encore moins condamné. Comme si les exactions commises contre les Palestiniens pouvaient justifier un tel crime contre l'Humanité. C'est Mahmoud Abbas en personne (Président de l'autorité Palestinienne) qui vient de mettre fin à cette dénégation aussi abjecte moralement qu'absurde politiquement, en déclarant que "ce qui est arrivé aux juifs durant l'Holocauste est le crime le plus odieux qui soit survenu contre l'humanité pendant l'ère moderne".

C'est la Ligue arabe qui a décidé de proscrire toute relation commerciale et financière entre les Etats arabes et le futur Etat israélien. Installé à Damas en 1951, "un bureau central du boycott" en coordonne la mise en œuvre. Celle-ci, renforcée après la guerre du Kippour (1973) par le chantage au pétrole, s'appliquera dans le monde avec une rigueur variable. Dans les deux décennies qui suivirent, de multiples facteurs politiques et géopolitiques -disparition de l'allié soviétique, traités de paix, reconnaissances diplomatiques - rendent le boycott progressivement inopérant.

A la fin des années 1990, seuls quelques rares pays (Syrie, Liban, Iran) l'observent encore, avec plus de zèle que d'efficacité. Les autres pays arabes, ceux qui ont le verbe haut et le profit bas, surfent sur la passion des peuples et soufflent sur les braises de la haine tout en entretenant des relations cordiales et utilitaristes avec ce qu'ils appellent  "l'entité sioniste" ! D'autres, des Occidentaux cette fois-ci, sont beaucoup plus soucieux de conserver de bonnes relations avec à la fois les Etats arabes et Israël, que de travailler à l'instauration de bonnes relations entre Palestiniens et israéliens.

C'est sans doute cette hypocrisie politique que les amis d'Israël ont voulu dénoncer. En France, un texte parait en novembre 2010 sous un titre explicite intitulé : "Le boycott d'Israël est une arme indigne", dont les signataires se nomment Alain Finkielkraut, Bernard Henri-Lévy, Yvan Attal, mais aussi Manuel Valls et ... François Hollande, encore loin du pouvoir l'un et l'autre. Balayant les précautions politiques de ceux qu'ils nomment "saboteurs", les auteurs dénoncent ses partisans qualifiés d'exterminateurs masqués et considèrent "qu'au vu de leur charte, tout ce qui est israélien serait coupable, ce qui donne l'impression que c'est le mot même d'Israël que l'on souhaite, en fait, rayer des esprits et des cartes".

Alors, Première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry déclarait devant le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) que "ceux qui prônent le boycott se trompent de combat: au lieu de porter la paix, ils portent l'intolérance, ils portent la haine".

Mais c'est sous la présidence de Nicolas Sarkozy que la criminalisation du boycott a été décidée. A l'initiative de la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, les appels au boycott sont désormais assimilés à un délit de discrimination. Certains y verraient une servitude politicienne à l'égard d'Israël ; d'autres y décèleraient l'omnipuissance du "lobby sioniste" en France, voire dans le monde... 

Mais ceux qui redoutent le démon de l'antisémitisme et qui œuvrent authentiquement à une solution équitable et durable du conflit israélo-palestinien savent que les oukases et autres injonctions au boycott alimentent beaucoup plus le ressentiment et la radicalisation que l'apaisement des esprits et le dialogue. Evoquant pour les déplorer les risques de boycottage visant Israël en cas d'échec des négociations en cours, le Secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est d'ailleurs vu reprocher par son homologue israélien Youval Steinitz des propos "offensants, injustes et intolérables". Plus sobrement, le Premier ministre Benyamin Netanyahu déclarait pour sa part que les tentatives de boycotter l'Etat d'Israël étaient immorales et injustifiées.

C'est Montesquieu qui disait que "le droit des gens est naturellement fondé sur ce principe que les diverses nations doivent se faire, dans la paix, le plus de bien, et, dans la guerre, le moins de mal qu'il est possible". Et cela vaut aussi bien pour les pays arabes que pour Israël, deux protagonistes d'un conflit interminable, qui devraient apprendre de celui encore plus meurtrier et dévastateur entre l'Allemagne et ses voisins européens, ou entre les Etats-Unis et le Japon. C'est par le commerce et les intérêts économiques réciproques que la paix a pû s'établir entre des nations que l'on disait alors irréductiblement ennemies et culturellement inconciliables.

 

 

 

 

 

Franck Nouma Headshot

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Journaliste indépendant, ancien correspondant du "Jerusalem Post" à Bruxelles

                                                     

 



13/02/2015
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