Les quatre soldats morts, trois femmes et un homme, sont tous âgés d’une vingtaine d’années, a annoncé le service de premiers secours Magen David Adom (MDA).

Roni Alsheich, le chef de la police israélienne, a déclaré que l’incident était un attentat terroriste. Le conducteur du véhicule a été tué.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Avigdor Liberman se sont rendus sur les lieux. Accompagnés d’un important service de protection, les deux hommes ont examiné la scène et ont discuté avec le personnel de sécurité présent sur le terrain.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, et son ministre de la Défense Avigdor Liberman, à sa gauche, sur les lieux d'un attentat au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, au centre, et son ministre de la Défense Avigdor Liberman, à sa gauche, sur les lieux d’un attentat au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Netanyahu a déclaré que « tous les signes indiquent que l’attaquant était un partisan de l’Etat islamique », en liant l’attentat de Jérusalem à des attaques similaires en Europe.

« Nous savons qu’il y a eu une série d’attaques, et qu’il pourrait exister un lien entre elles, de la France à Berlin, et maintenant à Jérusalem », a-t-il déclaré.

Un porte-parole de la police israélienne, Micky Rosenfeld, a indiqué que les victimes faisaient partie d’un groupe de soldats descendant d’un bus pour se rendre sur un lieu de promenade offrant une belle vue sur la Vieille Ville de Jérusalem.

Soudain, le conducteur du camion « a foncé avec son véhicule sur eux », a précisé le porte-parole, en précisant que, « à l’heure actuelle, nous excluons l’hypothèse d’un accident ».

La police vérifiait l’identité du chauffeur du camion. Des médias palestiniens ont annoncé qu’il s’agissait de Fadi al-Qanbar , du quartier de Jabel Mukabar. Selon des médias arabes, il avait 28 ans, était marié et père d’un garçon.

L’attaque n’a pas été revendiquée, mais le Hamas, groupe terroriste palestinien, a déclaré qu’elle était « héroïque ». Les brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé que le conducteur était un prisonnier libéré. Un communiqué du groupe le cite comme étant un mujahid, un combattant jihadiste.

Le porte-parole du Hamas, Hazaem Qassem, a salué l’attaque sur sa page Facebook, et déclaré que « ces opérations démontrent que toutes les tentatives de contourner ou de réprimer la résistance échoueront à chaque fois. »

Un autre porte-parole du Hamas, Fawzi Barohoum, a déclaré que le Hamas « salue l’opération courageuse et héroïque de Jérusalem », et qu’elle était une « réaction naturelle aux crimes israéliens contre notre peuple, notre terre et nos lieux saints. »

Scène d’un attentat présumé au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit: Luke Tress/Times of Israël)

Scène d’un attentat présumé au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit: Luke Tress/Times of Israël)

Peu après l’attaque, des policiers lourdement armés sont entrés dans le quartier Jabel Mukaber de Jérusalem Est, selon des médias arabes. La famille al-Qanbar est très connue à Jabel Mukaber, et une partie du quartier porte son nom.

Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montraient de nombreux véhicules de police et policiers portant des équipements de protection entrer dans le quartier arabe.

Selon des médias arabes, le père du terroriste aurait été arrêté.

« Nous avons fermé Jabel Mukabar, le quartier dont [le terroriste] vient, et nous prenons d’autres mesures que je ne préciserai pas ici », a déclaré Netanyahu sur les lieux de l’attentat, ajoutant qu’il venait d’avoir une réunion avec Liberman, le chef d’Etat-major de Tsahal Gadi Eizenkot et d’autres responsables de la sécurité.

Les soldats visés par le camion venaient de descendre du bus. Ils étaient en visite dans la capitale dans le cadre des « Dimanche de la culture » de l’armée, pendant lesquels les troupes visitent des sites nationaux et historiques importants.

Moshe Aharon, le conducteur du bus, a déclaré à Israel Hayom qu’un « groupe de [personnes] attendait avec leurs sacs près du bus. Je venais de les déposer. Le camion a foncé dans le groupe, leur a roulé dessus et a continué. [Quelqu’un] a tiré sur le chauffeur. Il a fait marche arrière et leur a à nouveau roulé dessus. »

Leah Schreiber, l’une des guides touristiques qui accompagnaient les soldats, a déclaré que le conducteur avait fait marche arrière et roulé à nouveau sur les corps.

« J’expliquais la vue de Jérusalem. J’ai vu des soldats crier. Certains ont commencé à tirer. Il a fallu du temps pour tuer [le chauffeur], donc il a pu faire marche arrière. Tout ça a pris peut-être une minute et demie », a-t-elle déclaré.

Au début, elle n’était pas certaine que ce soit un accident ou une attaque délibérée, mais Schreiber a déclaré qu’elle avait « compris que c’était un attentat terroriste quand ils ont commencé à lui tirer dessus. »

Une soldate, Dina, qui est blessée aux côtes, aux lèvres et à la main a déclaré aux journalistes depuis l’hôpital de Shaare Zedek qu’elle courait avec un groupe d’autres soldats quand un camion est arrivé de nulle part et s’est dirigé vers eux. Elle a ajouté avoir entendu des témoins applaudir.

Des victimes étaient coincées sous le camion. Une grue a été utilisée pour le soulever, a annoncé la radio publique israélienne.

Cinq victimes ont été transportées à Shaare Zedek, dont quatre, deux hommes et deux femmes, sont légèrement blessés, avec des blessures au visage et aux extrémités, a annoncé un porte-parole de l’hôpital. Tous sont des soldats. Une victime supplémentaire en état de choc, est également hospitalisée.

Une soldate blessée est arrivée à l’hôpital Shaare Zedek dans un état grave. Elle est inconsciente et son état n’est pas stabilisé, a déclaré un porte-parole de l’hôpital.

Neuf victimes ont été transportées à Hadassah Ein Kerem, dont l’une est grièvement blessée; et deux victimes légèrement blessées sont traitées à l’hôpital Hadassah du mont Scopus.

Les hôpitaux de Jérusalem ont ouvert des lignes d’information sur les victimes. Les numéros sont les suivants : pour Shaare Zedek, 1255125 ; pour Hadassah Ein Kerem, 1255122 ; pour Hadassah Mount Scopus, 1255121.

Aviv Hovav, de MDA, a déclaré que les sauveteurs déployés sur les lieux avaient trouvé une scène bien plus difficile que les attaques au couteau qui étaient fréquentes l’année dernière.

« Quand le personnel de MDA est arrivé sur place, il a trouvé quatre personnes piégées sous le véhicule et les autres dispersées au sol, a-t-il déclaré. La scène était bien plus difficile que les récentes attaques au couteau, qui avaient une portée plus restreinte. »

Il a comparé l’incident à une série d’attentats qui a eu lieu il y a plusieurs années à Jérusalem, dans lesquelles du matériel de construction avait été utilisé comme arme.

Le Dr Ofer Merin, du centre médical Shaare Zedek, s'adresse aux journalistes après l'attentat au camion bélier de Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israël)

Le Dr Ofer Merin, du centre médical Shaare Zedek, s’adresse aux journalistes après l’attentat au camion bélier de Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : Renee Ghert-Zand/Times of Israël)

Le Dr Ofer Merin, du centre médical Shaare Zedek, a déclaré que l’état de santé d’une jeune femme en soins intensifs n’avait pas encore été stabilisé. Il a déclaré qu’elle subirait plusieurs procédures dans les prochaines heures pour tenter de sauver sa vie.

Les quatre autres victimes soignées à Shaare Zedek présentent des lacérations et des fractures, a-t-il déclaré.

Le Magen David Adom a appelé la population à faire des dons de sang. Quelques 42 unités ont déjà été utilisées pour soigner les victimes de l’attaque, a annoncé MDA.

Le service ouvrira son centre de don de Jérusalem entre 17h00 et 20h00. Des informations sur les autres centres de MDA peuvent être lues ici.

Yakov Kaminetzki, bénévole de United Hatzalah, a déclaré que « quand je suis arrivé sur place, j’ai vu plusieurs piétons qui avaient été fauchés par un gros camion près de la promenade Armon Hanatziv. Certains des piétons étaient inconscients, et piégés sous le véhicule. »

Des soldats quittent la scène d'un attentat au camion bélier qui a fait quatre morts et plus de dix blessés, à Jérusalem, le 8 janvier 2017. Beaucoup pleurent, les commandants ne cessent de crier "ne regardez pas, ne regardez pas". (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israël)

Des soldats quittent la scène d’un attentat au camion bélier qui a fait quatre morts et plus de dix blessés, à Jérusalem, le 8 janvier 2017. Beaucoup pleurent, les commandants ne cessent de crier « ne regardez pas, ne regardez pas ». (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israël)

Le guide touristique civil des soldats, Eitan Rod, a déclaré aux journalistes depuis l’hôpital de Jérusalem où il était soigné que les soldats l’entourant n’avaient pas ouvert le feu immédiatement sur le chauffeur du camion à cause de l’affaire du « tir de Hébron ».

« En une fraction de seconde pendant laquelle je parlais avec l’un des officiers, j’ai vu le camion foncer vers nous. Après quelques roulades sur l’herbe, j’ai vu le camion commencer une marche arrière, et là j’ai compris que ce n’était pas un accident. J’ai senti que j’avais toujours mon pistolet sur moi, donc j’ai couru vers lui et j’ai commencé à vider mon chargeur. Il a fait marche arrière et a roulé à nouveau sur les blessés », a déclaré Rod à la radio militaire.

A la télévision, Rod a demandé pourquoi les soldats avaient hésité avant de tourner leurs armes vers le chauffeur. « Je dois demander pourquoi il a fallu qu’un civil de 30 ans tire en premier, a-t-il déclaré, alors que des officiers armés » étaient présents.

Eitan Rod s'adresse aux journalistes depuis l'hôpital Hadassah Ein Kerem après un attentat au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)

Eitan Rod s’adresse aux journalistes depuis l’hôpital Hadassah Ein Kerem après un attentat au camion bélier à Jérusalem, le 8 janvier 2017. (Crédit : capture d’écran Deuxième chaîne)

Il a affirmé que l’affaire Elor Azaria, dans laquelle un soldat a été jugé coupable d’homicide pour avoir abattu un terroriste palestinien neutralisé, était « certainement » un facteur de leur hésitation manifeste.

Le colonel Yaniv Alaluf, qui dirige le cours de formation des officiers, s’est rendu sur les lieux de l’attaque afin de mener une enquête préliminaire. Elle a montré qu’ « au moins deux » ou trois des soldats avaient ouvert le feu « depuis une faible distance », et seraient les responsables des tirs qui ont tué le terroriste.

Les soldats sont des cadets d’un cours de formation d’officiers de l’armée, mais ils ne servent pas dans des unités combattantes.

L’armée va continuer d’enquêter « en profondeur » sur l’incident, a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le niveau de sécurité a été renforcé dans tout Jérusalem, a annoncé la police.

Le cabinet de sécurité tiendra une réunion spéciale à 17h30 dimanche suite à l’attaque, a annoncé Walla.

Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, au sommet du musée de la Tour de David, le 14 avril 2015 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Le maire de Jérusalem, Nir Barkat, au sommet du musée de la Tour de David, le 14 avril 2015 (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Nir Barkat, le maire de Jérusalem, a déclaré que « ceux qui incitent [à la violence] et ceux qui soutiennent le terrorisme doivent payer un lourd tribut. »

« J’appelle tous les habitants de Jérusalem et du pays à continuer à vivre comme d’habitude et à ne pas laisser le terrorisme l’emporter », a-t-il ajouté.

Roni Alsheich, chef de la police, a déclaré qu’aucune mise en garde n’avait été reçue avant l’attaque, et que par conséquent la police n’aurait pas pu l’empêcher.

Il a ajouté que le conducteur cherchait à faire beaucoup de victimes, et avait conduit autour du quartier pour trouver un grand groupe de personnes.

La chef de police Roni Alsheich à Tel Aviv, le 30 août 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

La chef de police Roni Alsheich à Tel Aviv, le 30 août 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

« Mis à part le fait que l’attaquant vient de Jérusalem Est, je ne peux partager aucune autre information pour ne pas compromettre » l’enquête, a-t-il déclaré.

Tzipi Hotovely, la vice-ministre des Affaires étrangères, a condamné l’attaque et déclaré que « le monde reçoit la réponse claire des Palestiniens à la conférence de paix prévue à Paris : plus de terrorisme. Je ne cesse de dire à la communauté internationale de demander la fin du terrorisme et de l’industrie de l’éducation au terrorisme. »

Isaac Herzog, le chef de l’opposition, a déclaré que l’attentat terroriste de Berlin le mois dernier et celui de Nice en juillet 2016 avaient inspiré l’attaquant de Jérusalem.

« Je suis certain que les attaques au camion bélier que nous avons vues ces derniers mois à l’étranger ont influencé le choix de l’arme de ce méprisable terroriste », a-t-il déclaré.

Il a également salué les soldats et le civil qui ont tiré sur le terroriste pendant l’attaque, et présenté ses condoléances aux familles des victimes.

« Jérusalem est marquée par les attaques terroristes, [mais] Jérusalem surmontera toujours le terrorisme », a-t-il ajouté.

L’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, a déclaré que l’attaque était la « conséquence directe des incitations palestiniennes à la violence », et a appelé Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, et le Conseil de sécurité de l’institution à condamner l’attentat.

Il a lui aussi comparé directement l’attaque de Jérusalem et les attentats au camion bélier de Berlin et Nice, affirmant qu’ils étaient liés par le « terrorisme islamique meurtrier ».

L’envoyé spécial des Nations unies au Proche Orient, Nickolay Mladenov, a fermement condamné l’attaque « choquante » de Jérusalem, qui doit « être condamnée par tous », et n’a « aucune excuse, aucune justification ».

Le ministre norvégien des Affaires étrangères Borge Brende et l’ambassadeur américain en Israël Dan Shapiro ont été parmi les premiers dignitaires étrangers à exprimer leurs condoléances.

Naftali Bennett, le ministre de l’Education, a critiqué sur Twitter la couverture de l’attaque de la BBC.

Entre octobre 2015 et octobre 2016, 36 Israéliens, deux Américains et un Erythréen ont été assassinés dans des attaques au couteau, à main armée et à la voiture bélier.

Selon les chiffres de l’AFP, 238 Palestiniens, un Jordanien et un migrant soudanais ont également été tués, la plupart d’entre eux pendant qu’ils menaient des attaques contre des Israéliens et beaucoup d’autres pendant des affrontements avec les troupes en Cisjordanie et à la frontière gazaouie, ainsi que pendant des bombardements israéliens sur la bande de Gaza.

 

 

Renee Ghert-Zand et l’AFP ont contribué à cet article.