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EN ISRAËL,UN PARTI JUDEO-ARABE, C'EST POSSIBLE!

Source : i24news.tv en ligne le mardi 9 décembre 2014

 

 

 

 

AVRAHAM BURG

 

 

 

Mon message aux Arabes d'Israël

 

Permettez-moi de vous présenter ma réalité politique. Ma famille (mon épouse, mes enfants et leurs conjoints) compte en tout 13 électeurs. Un seul a voté pour un parti qui n'est pas de gauche. Les autres ont voté comme suit : cinq pour Meretz et sept (dont moi) pour Hadash. Nous avons voté en notre âme et conscience. Après avoir étudié les différents programmes nous avons trouvé dans Hadash un parti qui préconise fièrement un partenariat judéo-arabe.

Je me suis récemment entretenu avec certains membres de ce parti. Chacun de mes interlocuteurs a fait preuve de sagesse politique, chacun d’entre eux a des idées qui se fondent sur de mauvaises expériences qu'ils ont vécu avec des Israéliens. Leurs pensées se résument ainsi: “nous sommes oppressés et nous avons besoin de nous organiser."

Ils forment une sorte de consensus: le "nous" en question fait partie de l'équation "judéo-arabe". L'oppression dont ils sont victimes est terrible et considérable : des lois discriminatoires, la rhétorique raciste, les lois nationales honteuses et bien sûr le récent relèvement du seuil électoral nécessaire pour être représenté à la Knesset.

Mais la plupart de leur propos portaient surtout sur le fait de “s’organiser”. Seul une minorité des membres du parti Hadash avec qui je me suis entretenu a évoqué les confiscations et l'isolation qu’”ils sont fatigués de subir”. “Comment pouvons-nous en supporter davantage?", soupirent-t-ils.

La plupart d’entre eux en revanche sont prêts à examiner diverses options pour former un front arabe commun. Je comprends, il est tout à faire naturel de vouloir s’associer à d'autres persécutés. Essayer d'unir toutes les forces arabes, de se battre et de s’organiser ensemble pour protéger les persécutés. Se rassembler permet souvent d’être beaucoup plus fort que si chacun reste dans son coin, isolé et affaibli.

Je trouve difficile d'être en désaccord avec ces sentiments. Parce qu’un mauvais esprit s’est emparé de l'opinion publique israélienne. La crise existentielle entre les Juifs et les Arabes, qui est née avant même la création de l'Etat, n'a jamais atteint un niveau aussi bas d'un point de vue moral et éthique. C’est précisément pourquoi je demande aux Arabes d’arrêter un moment leur processus qui paraît si naturel pour réfléchir avec moi autrement. Car en cette période politique actuelle, aller dans cette direction est synonyme de défaite pour l'idée d’un réel partenariat citoyen entre Juifs et Arabes.

“Vous les Arabes”, leur ai-je dit, “vous vous trouvez au premier plan. Vous êtes persécutés plus que n’importe quel autre communauté dans le pays. Les menaces que vous subissez au quotidien sont réelles et concrêtes. La situation s’aggrave et la séparation entre Juifs et Arabes va s’intensifier et augmenter.

Et moi qui fait partie de la majorité persécutrice, ma situation est toujours meilleurs que la votre. Toujours, car l’agression est plus régulière et plus profonde. Et c’est pour cette raison que je souhaite que nos destins soit davantage liés. Pour arrêter l’agression demain; et la repousser après-demain.

Je crois que tous ceux qui, comme nous, croient en une égalité totale, sans “mais”, sont sous le coup de l’agression. Les représentants d'une majorité écrasante se battent avec une sainte colère contre les croyances et les perceptions de notre monde où l'égalité pour tous les êtres humains, pour tous les citoyens devant la loi et le gouvernement quelque soit leur religion et leurs origines sans aucune discrimination est valorisée.

Nous représentons la plus grande menace pour l’agresseur au pouvoir. Ils veulent une vie confortable, le monopole du peuple élu sur l'identité, les droits, les ressources et les libertés. Ils veulent le pouvoir absolu pour les Juifs et tentent de se soustraire à leur engagement envers la véritable égalité, individuelle et nationale, civile et collective. Par conséquent, nous devons en aucun cas renoncer à la coopération judéo-arabe, ce serait là un acte de reddition.

Par conséquent, les élections qui se profilent sont très importantes. Certains se disputent pour des questions d’égo, de dignité et de prestige, alors que d’autres sont aux prises avec les problèmes réels d'Israël: l'égalité et les droits, la paix et l'espoir, la distribution équitable des ressources, la démocratie pour tous sans discrimination et la citoyenneté. Tous ces éléments sont menacés plus que jamais, c'est pouquoi ils exigent des politiques de qualité.

Par les temps qui courent, nous devons faire plus d'efforts. Il est temps de s’ouvrir, non pas de se refermer. Ensemble, sans faire de différence entre les gens. Il faut offrir à tous les citoyens israéliens, en particulier à la jeune génération, une alternative globale au nationalisme, au racisme et à l'agression. Il est temps d’aller au delà des politiques toutes plus au moins similaires, il est temps de promouvoir de nouvelles politiques citoyennes audacieuses. Un mouvement citoyen pour la pleine égalité de tous les représentants arabes et juifs, femmes et hommes, doit émerger pour proposer une alternative aux vents mauvais qui soufflent aujourd'hui. Plus que jamais, Israël a besoin d'une voix forte, courageuse et engagée. La voix de ceux qui sont engagés pour l'égalité et qui n’ont pas peur.

Un mouvement pour l'égalité doit résolument s’engager à:

1. Défendre les libertés civiles fondamentales sans aucun compromis possibles et sans conditions préalables;

2. Promouvoir la paix, l'indépendance et la justice pour les deux peuples sur la base des droits individuels et collectifs, des intérêts et des identités de tous les citoyens de la région entre le Jourdain et la mer;

3. Assurer une économie coopérative et équitable. La réduction des disparités économiques, la création de logements équitables, encourager les PME, la préservation de l'environnement en général et la prévention du développement immobilier rapide et violent.

4. Assurer la séparation entre la religion et l'État pour préserver la nature laïque de la démocratie israélienne.

Je vous promets que je vais appeler à cette alternative de toutes mes forces. Je vais travailler sans relâche pour son succès. Mes amis et moi allons nous engager pleinement pour le mouvement de l'égalité judéo-arabe. Je crois en notre capacité à changer le discours israélien actuel. Je n’exige que deux conditions: le faire avec vous et tous ensemble.

 

 

Avraham (Avrum) Burg a présidé la 15ème Knesset (Parlement) d’Israël, a tenu la fonction de président de l’Agence juive, et est aussi écrivain et membre du Forum pour le dialogue international "Bruno Kreisky Forum" à Vienne.



04/01/2015
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