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FRANCIS HUSTER : L'AMOUR POUR ISRAËL

Francis Huster:

"Ma course ne peut continuer qu’avec Israël" 

 
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A compter du 15 juin prochain, Francis Huster sera en tournée dans plusieurs salles du pays avec sa dernière pièce  »Amok », adaptée du roman de Stefan Zweig et mise en scène par Steve Suissa.

A cette occasion il nous livre ses réflexions d’artiste engagé, qui pense le monde dans lequel nous vivons et qui a définitivement décidé de placer Israël au cœur de ses actions.

 

Le P’tit Hebdo: Cela fait maintenant plusieurs années que les Francophones d’Israël peuvent régulièrement venir vous voir jouer. La scène israélienne est-elle devenue pour vous un incontournable?

Francis Huster:

Avec Steve Suissa nous avons ressenti la nécessité de créer un pont, à notre niveau, entre la France et Israël. Il me semble qu’être juif nous donne des responsabilités et parmi celles-ci se trouve le devoir d’avancer et de faire avancer les autres. Le théâtre est une des meilleures façons pour y parvenir, on y transmet une profondeur humaine. Israël doit recevoir et échanger avec les autres et nous voulons, avec Steve, être les acteurs de cette avancée, en partageant des œuvres indispensables à la construction du monde de demain.

Lph: Quant à vous, en tant que comédien, qu’artiste, que vous apporte cette relation avec Israël?

F.H.: Cela me donne une conscience, une force pour aller au bout de ma route. Dans ma carrière, j’ai déjà franchi la ligne d’arrivée mais ma course continue encore et elle ne peut continuer qu’avec Israël. Ensemble, nous devons construire l’avenir dans un monde qui change.

Lph: Qu’entendez-vous par  »monde qui change »?

F.H.: Dans les deux ans qui viennent, nous allons devoir comprendre que le monde d’aujourd’hui refuse le mensonge. Nous le verrons, dans un premier temps, lors des élections américaines. Donald Trump est l’exemple type de ce refus du mensonge: si tant d’Américains le soutiennent c’est parce qu’il dit sa vérité. Nous remarquerons aussi cela lors des élections françaises: les gens veulent des politiques qui disent leur vérité. Et le même phénomène se produit sur les plans sportif (avec le rejet du dopage, par exemple) et culturel.

Malheureusement, cette recherche de vérité, peut se fourvoyer. Dans les années 1930, ce sont aussi des hommes qui apportaient une vérité qui ont pris le pouvoir: ils se sont avérés être des monstres puisque la vérité peut être à 100% celle du mal. Depuis des décennies, nous vivions dans un monde lâche, un monde de compromis, dans lequel on a beaucoup accepté. Ce monde est mort. Mais le monde de la vérité est beaucoup plus dangereux parce que la vérité du mal est bien plus facile à adopter que celle du bien. Les développements politiques aux Etats-Unis et en Europe nous le montrent…

Lph: Quelle vérité voulez-vous transmettre à travers les œuvres de Stefan Zweig que vous jouez?

F.H.: L’œuvre de Stefan Zweig est basée sur des héros qui voient le monde s’écrouler et qui ne font rien. C’est le cas, notamment, dans le Joueur d’Echecs que j’ai joué sur scène. Cette fois-ci avec  »Amok », je présente le pendant féminin des héros de Zweig. Et chez cet auteur, les rôles féminins sont sublimes: elles vont au bout de leur folie, ont un courage que l’homme ne possède pas! La femme défend la vérité!

C’est un message essentiel pour notre monde: c’est parce que les femmes n’étaient pas au pouvoir que le monde est dans l’état où il est aujourd’hui.

L’homme est un pitre par rapport à la femme! Il n’a rien compris à ce qu’était réellement une femme! Ce n’est pas la peur ou la faiblesse qui la caractérisent mais la force, le courage, le sacrifice.

Lph: Pour apporter votre vérité, votre lumière, vous vous appuyez sur des œuvres sombres. N’est-ce pas contradictoire?

F.H.: Ce sont dans les œuvres sombres que se trouve la vraie lumière! Les autres œuvres sont des mensonges. La vérité humaine n’est pas plate, ni transparente, ni ludique. Proposer la lumière au public, c’est justement lui présenter des œuvres sombres. On y voit ce qu’est l’âme humaine.

A mon grand regret, l’art d’aujourd’hui a trop cherché à séduire, à plaire. C’est une erreur, cela nous fait rester sur l’apparence.

Lph: Les comédiens d’aujourd’hui ne remplissent-ils pas leur rôle?

F.H.: Prenez des acteurs comme Georges Clooney ou Julia Roberts, ils sont parmi les plus grands acteurs du monde mais ils ne font pas ce qu’ils devraient faire: ils devraient jouer des œuvres qui entrent dans la profondeur humaine.

Le public est en attente de vérité, il n’y a qu’à voir le succès des émissions de  »télé-réalité », parce qu’on pense qu’on nous y montre la vérité. Nous entrons aussi dans l’ère de la politique réalité, du sport réalité et de l’art réalité.

Lph: Apres avoir interprété plusieurs œuvres de Zweig, avez-vous d’autres projets pour transmettre cette profondeur qui vous est chère?

F.H.:  »Amok » sera la dernière œuvre de Zweig que j’interpréterai. Ensuite, j’espère défendre de nouveaux auteurs, des créateurs, des inconnus. Nous en avons déjà repéré plusieurs avec Steve Suissa, la qualité de leur travail est extraordinaire! Ils osent ce que personne n’aurait osé faire il y a 10 ou 20 ans. Notre choix sera difficile!

 "Amok" 

 

 

Jérusalem: le merc 15



25/05/2016
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