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L'ALYAH DES JUIFS FRANCE EST UN VRAI CASSE-TÊTE CHINOIS

 

Source : fr.thetimesofisrel.com via l'agence JTA en ligne le samedi 17 janvier 2015

 

Les Juifs français ont des sentiments mitigés face aux appels à l’alyah

Le différend entre les Israéliens et les Juifs de la diaspora découle de points de vue divergents quant à la viabilité de la vie juive en dehors d’Israël

                                     
 
La foule réunie à l'extérieur du supermarché tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahu rend hommage aux victimes de l'attaque terroriste le  12 janvier 2015 à Paris (Crédit: Aurelien Meunier/Getty Images/JTA)

JTA – Les Juifs français traversent une crise. Des pyromanes ont ciblé leurs synagogues, des terroristes ont attaqué leurs écoles et leurs commerces, et à quelques exceptions près, la société française n’est pas unie derrière eux pour arrêter les agressions et les harcèlements.

 

 

La solution est simple pour le Premier ministre israélien : s’installer en Israël.

 

« A tous les Juifs de France, tous les Juifs d’Europe, je voudrais dire qu’Israël n’est pas seulement le lieu dans la direction duquel vous priez ; l’Etat d’Israël est votre maison », a déclaré à Jérusalem Benjamin Netanyahu samedi soir, au lendemain de l’attaque contre un supermarché casher de Paris au cours de laquelle quatre hommes juifs ont été tués.

« Cette semaine, une équipe spéciale de ministres se réunira pour faire avancer des mesures visant à accroître l’immigration de France et d’autres pays d’Europe qui souffrent d’un antisémitisme terrible. Tous les Juifs qui veulent immigrer en Israël seront accueillis ici chaleureusement et à bras ouverts », a-t-il proclamé.

Mais pour les Juifs français, la réponse n’est pas si simple.

« Le gouvernement israélien doit cesser cette réponse pavlovienne chaque fois qu’il y a une attaque contre les Juifs en Europe », a déclaré le rabbin Menachem Margolin, directeur de l’European Jewish Association, au site d’information israélien NRG.

« Je regrette que, après chaque attaque antisémite en Europe, le gouvernement israélien revienne sur les mêmes déclarations sur l’importance de l’alyah plutôt que de prendre toutes les mesures à sa disposition … afin d’accroître la sécurité de la vie juive en Europe. Chacune des campagnes israéliennes de ce type affaiblit et nuit gravement aux communautés juives qui ont le droit de vivre en sécurité où qu’elles soient », a expliqué le rabbin.

Le noeud du litige – qui ne se limite pas à Netanyahu et Margolin – vient de vues divergentes quant à la viabilité de la vie juive en diaspora.

D’un côté, de nombreux Israéliens croient que la diaspora n’a pas d’avenir en raison de l’antisémitisme (la France) ou de l’assimilation (l’Amérique), et croient souvent que la vie juive dans la diaspora est en quelque sorte moins authentique ou légitime que la vie juive en Israël.

De l’autre côté, de nombreux Juifs de diaspora qui se considèrent comme partie intégrante de leur pays d’origine et voient en leurs communautés l’expression dynamique de la vie juive. À leurs avis, les appels israéliens à l’alyah, présentée comme une réponse aux défis auxquels ils sont confrontés, sont agressifs et contre-productifs. Au lieu de cela, croient-ils, Israël devrait penser à la façon dont il peut aider les communautés de la diaspora à s’épanouir.

Le président François Hollande accueillant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 11 janvier 2011 avant la marche de commémoration (Crédit : AFP PHOTO/MATTHIEU ALEXANDRE)

Le président François Hollande accueillant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 11 janvier 2011 avant la marche de commémoration (Crédit : AFP PHOTO/MATTHIEU ALEXANDRE)

 

 

Netanyahu n’est pas le premier Premier ministre à froisser la diaspora de cette façon. En juillet 2004, le Premier ministre d’alors Ariel Sharon avait contrarié les Juifs français avec un appel similaire.

« Si je dois donner un conseil à nos frères de France, je leur dirai une chose : installez-vous en Israël le plus tôt possible », a déclaré Sharon lors d’une conférence de dirigeants de la Fédération juive d’Amérique du Nord. « Je dis que c’est valable pour les Juifs du monde entier, mais là je pense qu’il faut qu’ils viennent immédiatement. »

En réponse, le président français Jacques Chirac a dit à Sharon qu’il n’était pas le bienvenu en France. Comme de nombreux chefs de gouvernement non-juifs, Chirac s’irritait de ces ingérences qui demandaient un départ en masse des Juifs.

Aux États-Unis, le romancier israélien A.B. Yehoshua a déclenché une tempête en 2006 quand il a dit à l’auditoire, lors d’une célébration du centenaire de l’American Jewish Committee, que les Juifs américains ne sont que des « Juifs partiels » parce qu’ils vivent dans la diaspora.

« Le judaïsme ne peut exister en dehors d’Israël », a-t-il affirmé, selon un compte-rendu paru dans le quotidien israélien Haaretz. « Ceux qui ne vivent pas en Israël et ne participent pas aux décisions quotidiennes qui y sont prises … n’ont pas une identité juive de quelque importance. »

Yehoshua a frappé une nouvelle fois dans un discours en février 2013 devant un groupe de plusieurs centaines de Juifs américains intéressés par des programmes de bénévolat et d’études en Israël quand il leur a dit : « Je suis heureux de voir tant d’Américains ici. J’espère que vous deviendrez Israéliens et ne retournerez pas en Amérique. »

Inutile de dire qu’ils ne se sont pas tous installés en Israël.

Cependant les Juifs français sont dans une situation très différente de celle des Juifs américains, car ils font face à la violence physique. Ajoutez-y les graves problèmes économiques de la France ; de nombreux Juifs français partagent un sombre pronostic pour leur communauté.

« Nous n’avons pas d’avenir ici », a dit au JTA Joyce Halimi, qui a participé samedi soir à une veillée pour les victimes de l’attaque supermarché HyperCacher. « Le gouvernement parle, mais ce ne sont que des mots. »

En 2014, près de 7 000 immigrants de France sont arrivés en Israël sur une population juive française de 500 000. C’est l’équivalent, proportionnellement, de 84 000 Juifs américains s’installant en Israël. Le nombre d’Américains qui ont immigré en Israël en 2014 était de 3 470.

En outre, la décision hautement symbolique des quatre familles des victimes de l’attaque de l’HyperCacher d’enterrer leurs proches en Israël renforce le message que les Juifs français ont une mauvaise intuition quant à leur avenir en France.

Bien sûr, tous ceux qui émigrent ne vont pas en Israël. Montréal, Miami, Londres et New York ont tous vu un nombre important de nouveaux arrivants Juifs français au cours de la dernière décennie.

La Synagogue St. John’s Wood Synagogue de Londres organise maintenant un office de shabbat francophone.

Selon une dépêche de JTA parue en novembre, les services sociaux juifs et de réinstallation de la principale organisation de Montréal, l’agence Ometz, ont enregistré une augmentation significative des nouveaux arrivants de France au cours de la dernière année.

En 2013, le quotidien italien La Stampa a écrit un article sur l’arrivée massive des Juifs de France à New York.

Mais il n’y a pas de données précises sur le nombre de Juifs français qui s’installent aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada.

Ces migrations vers différents pays rappellent qu’Israël n’est pas la seule alternative pour les Juifs français qui cherchent à quitter le pays



18/01/2015
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