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VIOLENCE DES JEUNES PALESTINIENS CONTRE LES ISRAELIENS : LES FORCE DE SECURITE SONT-ELLES SUFFISANTES?

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Analyse: le cabinet de sécurité israélien, du déni à l'action rapide

Il faut éviter les punitions collectives et s'assurer que les mesures pénales sont limitées aux assaillants

Dans sa position sur la vague de terreur continue, le gouvernement israélien est passé mardi du déni à l'action rapide. Les étapes de l'action décidées par le cabinet, tout en étant efficaces, ne peuvent être mises en œuvre sur le moyen et le long terme, et doivent être considérées dans le contexte de la répression des violences actuelles.

1. Le besoin le plus urgent est de contrecarrer les incidents terroristes, principalement les attaques au couteau et à la voiture bélier, que ce soit à Jérusalem et ou dans d'autres villes israéliennes. Les attaques terroristes ne peuvent être empêchées qu'en garantissant le fait que les éventuels assaillants ne soient jamais en contact avec leurs victimes potentielles. Ainsi, beaucoup de mesures adoptées visent à éviter tout contact réel.

D'où l'ordre de boucler les quartiers et les villages de Jérusalem-Est, dont sont originaires la plupart des assaillants, et de renforcer la présence des forces de sécurité. Inonder les deux parties de Jérusalem de soldats israéliens a le double objectif de dissuader d'éventuels assaillants et de maximiser les chances que, s'ils osent perpétrer un carnage, ils auront face à eux un agent de sécurité, et non un civil.

L'idée de la dissuasion est explicite: un terroriste potentiel réfléchira à deux fois avant de s'aventurer dans la rue pour mener à bien une attaque, sachant qu'on lui tirera dessus et qu'il sera peut-être tué. L'autre raison d'inonder les rues de policiers lourdement armés est de protéger les citoyens et être prêt à affronter les assaillants. C'est le travail des soldats et des officiers de police pour sacrifier leurs vies pour protéger les civils, et non l'inverse.

2. Faire en sorte que les civils aient le sentiment qu'ils peuvent revenir à un quotidien normal. Il est impératif d'éviter l'anxiété et de s'assurer que l'économie ne chute pas - y compris celle de Jérusalem-Est.

3. Apaiser l'agitation. L'actuelle vague d'attaques au couteau par des jeunes est largement inspirée de la version extrême de l'islam popularisée par le groupe Etat islamique. Cette vague menée par une idéologie et des désirs primaires pourrait être diminuée. Le dialogue avec des adultes responsables et des figures d'autorité dans les rues palestiniennes, tels que les commerçants, les responsables de la sécurité, les imams modérés, les enseignants et les parents concernés peut être très efficace.

Chaque attaque, chaque terroriste tué par les forces de sécurité, contribuent à l'agitation des deux côtés. Par conséquent, calmer la situation est d'une importance cruciale, à la fois en prévenant les frictions et par le dialogue. Oui, les mots peuvent calmer.

4. Il faut aussi d'éviter de perturber la vie quotidienne des Palestiniens de Jérusalem et de Cisjordanie. L'établissement de défense d'Israël a appris que ce qui déclenche l'agitation dans la rue palestinienne, c'est compromettre la liberté de mouvement et de commerce, les abus de la police et des soldats, les fermetures, les couvre-feux et d'autres mesures mises en œuvre au nom de la sécurité, mais qui empêchent les Palestiniens de vivre au quotidien.

Ainsi, les mesures décidées par le cabinet de sécurité sont sur la corde raide oscillant entre la perturbation de la vie quotidienne de communautés entières et l'impératif de prévenir les attaques terroristes en minimisant les tensions entre les populations. Cela signifie aussi éviter les punitions collectives et essayer de s'assurer que les mesures pénales sont limitées aux assaillants.

Par exemple, le couvre-feu sur Jérusalem-Est, sera comme le considère Tsahal, "poreux", ce qui signifie que les résidents pourront entrer et sortir de leurs quartiers et des villages par une seule sortie surveillée, alors que toutes les autres seront bouclées. Donc les Palestiniens de Jérusalem-Est pourront aller travailler dans l'ouest de la ville (où quelques 35 mille Palestiniens travaillent), et rentreront chez eux le soir.

Ils seront soumis à des contrôles de sécurité pour s'assurer qu'aucune arme ou explosifs n'entrent clandestinement à Jérusalem ou dans d'autres villes israéliennes.

5. Le cinquième principe du cabinet est de nature politique: éviter l'apparition d'une nouvelle division de Jérusalem. Les événements récents à Jérusalem démontrent que la coexistence juive / arabe ne produit que des frictions et les troubles qui menacent de déborder dans un futur proche.

Le gouvernement actuel de droite, n'a pas encore atteint la conclusion que le statu quo doit être changé et donc il veut éviter la confrontation entre le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le parti Foyer juif. Il faudra du temps jusqu'à ce que l'ordre de poster des gardes de sécurité pour les transports en commun et il faudra beaucoup de temps jusqu'à ce que la Knesset passe la loi permettant de révoquer la citoyenneté des terroristes, et ainsi de suite. Mais renforcer la présence des soldats et ordonner à la police d'imposer un couvre-feu sur Jérusalem-Est ramènera le calme dans l'immédiat.

Il est important de souligner que la vague actuelle de la terreur n'a pas de meneurs (en dehors de Facebook et Twitter) ni de structure ni de stratégie. Voilà pourquoi je crois qu'elle va disparaître sous peu. Les effets sont visibles chez les Arabes israéliens, tout comme chez les émeutiers en Cisjordanie. Nous devons prier pour qu'aucun incident ne produise un carnage massif qui viendrait interrompre le calme apparent.

Ron Ben-Yishai est un correspondant de guerre et analyste de la défense

Cet article est publié avec l'aimable autorisation de Ynet.



17/10/2015
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