jmonde

jmonde

LE CRIF DE ROGER CUKIERMAN EN PLEINE EBULITION

Source : actuj.com en ligne le jeudi 11 janvier 2014

Roger Cukierman :

« Il faut serrer les rangs et éviter de se 

uns les autres »

 

Crédit photo : DR

 

Retour avec le président du Crif sur la façon dont l’instance représentative de la communauté juive s’est positionnée dans la lutte contre le vote à l’Assemblée nationale de la résolution relative à la reconnaissance de l’État palestinien.

 

Actualité Juive : Revenons sur la stratégie adoptée par le Crif avant le vote de l’Assemblée nationale. Auriez-vous, d’emblée, fait preuve de fatalisme en pensant que l’issue de ce vote serait – quoi qu’il puisse être fait –inéluctable ? 

Roger Cukierman : Non, Il s’agit d’un combat que le Crif a réellement mené. J’ai passé toutes ces dernières semaines à agir auprès du personnel politique. A l’Élysée et à Matignon d’abord pour faire en sorte que si ce vœu passe, il ne devienne pas une réalité. Chose que le ministre des Affaires étrangères a confirmé par la suite.

 À l’Assemblée nationale et au Sénat ensuite, où nous avons mené une campagne intense, tant auprès des parlementaires socialistes que de ceux de l’UMP. J’ai notamment rencontré le président de l’Assemblée Claude Bartelone, ainsi qu’Élisabeth Guigou et Bruno Le Roux qui sont les deux principaux responsables du texte. Et bien d’autres encore. 

Malheureusement, l’immense majorité du PS était acquise à cette résolution et nous ne sommes pas arrivés à leur faire changer d’avis. Nous avons en revanche obtenu de meilleurs résultats auprès de l’UMP. Le groupe pensait dans un premier temps ne pas prendre part au vote, chose qui risquait d’aboutir à un vote unanime de l’Assemblée en faveur de cette résolution. Ils ont finalement participé à ce vote en s’exprimant, dans leur majorité, contre. En outre, nos délégations en régions, ainsi que toutes les associations membres du Crif ont agi auprès de leurs parlementaires pour tenter de les convaincre.

A.J.: Pourquoi le Crif a-t-il refusé de rejoindre le collectif d’urgence qui s’est créé avant la tenue de ce vote et de participer à la manifestation ? 

R.C. : Je ne suis pas un dictateur et je ne dis pas aux associations, membres du Crif ou non, ce qu’elles doivent faire au quotidien. Nous avons tous nos objectifs et libre à ceux qui veulent aller manifester de le faire. Quant au collectif en question, qui prétend réunir de grandes associations de la communauté, je remarque qu’aucune d’entre elles n’est membre du Crif. En outre, ce collectif n’a finalement réuni que cent cinquante personnes devant l’Assemblée nationale. En ce qui me concerne, je ne tiens pas à associer le Crif à une manifestation qui n’est pas capable de réunir des milliers de gens.

 

A.J.: Craignez-vous que cette contestation de l’attitude du Crif à l’intérieur de la communauté entame sa crédibilité et sa représentativité ?

R.C. : Non, je ne le pense pas. Je constate que dans ce collectif ne figurent que des associations non-membres du Crif et qui, vu leur capacité à réunir si peu de monde ne sont pas très représentatives. Leurs porte-voix parlent peut-être fort mais ne mobilisent que peu de monde.

« La situation est grave. Beaucoup de Juifs envisagent de quitter la France, ce que l’on peut comprendre vu le climat. »

A.J.: Que répondez-vous à ceux qui réclament aujourd’hui votre démission ? 

R.C. : Qu’ils peuvent réclamer ce qu’ils veulent, pour autant, aucune institution membre du Crif ne l’a pour l’instant réclamé. Et si tel devait être le cas, nous procèderions évidemment à des votes.

A.J.: Des insanités, voire des insultes sont proférées au sein même de la communauté de façon de plus en plus décomplexée. L’une des dernières en date raconte même que le Crif financerait Actualité Juive… Comment expliquer ces dérives ?

R.C. : Disons que je serais heureux si le Crif pouvait avoir la capacité financière de vous financer ! Plus sérieusement, je crois que l’ensemble des associations juives qui font partie du Crif sont satisfaites de notre travail. Les critiques émanent de marginaux qui tiennent à rester à l’extérieur de notre institution. 

Aujourd’hui, la situation est grave. Les Juifs sont systématiquement attaqués. Beaucoup d’entre eux envisagent de quitter la France, ce que l’on peut comprendre vu le climat. Ce n’est donc pas le moment d’entrer dans des querelles de clocher. Il faut serrer les rangs et éviter de se critiquer les uns les autres. Je suis partisan de l’apaisement. Chacun a sa manière de s’exprimer qui est respectable. Respectons donc aussi celle des autres. D’autant que nous œuvrons tous dans la même direction qui est celle de la lutte contre l’antisémitisme et la défense d’Israël.

A.J.: Une délégation du Crif était en Israël la semaine dernière. Comment s’est déroulé ce voyage ?

R.C. : Il était passionnant car nous avons rencontré tous les responsables politiques israéliens à un moment où le pays vivait une crise politique majeure. Tant et si bien que des personnalités du Likoud – dont Reuven Rivlin, le président de l’État ! - nous ont demandé d’intervenir auprès de Binyamin Netanyahou afin qu’il retire sa proposition de modifier le statut d’« État juif et démocratique » d’Israël. À l’intérieur même du Likoud, des personnalités nous ont ainsi fait part de leur désaccord avec la démarche du Premier ministre.



06/01/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 21 autres membres